En aparté avec Constance Guisset, designer - Constance Guisset © Ribon
MAP : Quel est le projet dont vous êtes la plus fière ?
C. G. : Je ne le qualifierai pas en termes de fierté mais il y a des moments, lorsque je fabrique un objet, où je sens que j'ai touché quelque chose, c'est le cas avec Vertigo par exemple (nldr : une lampe-cabane enveloppante,
Edition 2010 Petite Friture), je trouve que c'est un projet assez gracieux, en tous cas à mes yeux.
Lorsque je sens très profondément que j'ai trouvé quelque chose et que je n'ai pas de doutes, j'en suis très heureuse. Car sur un projet, il y a plusieurs étapes, je peux arriver à la moitié et commencer à être satisfaite, je sais alors que c'est la bonne direction, d'autres fois, je peux être dérangée très longtemps par des micro-détails. Lorsque je travaille, je peux très bien tout arrêter et repartir, ce n'est pas un souci pour moi.
MAP : Quel est le projet le plus fou que vous ayez réalisé ?
C.G. : C'est un projet tellement fou que nous ne l'avons même pas encore finalisé, il s'agit de Fiat Lux, une lampe dont l'interrupteur lévite quand la lumière est allumée, je l'ai créé pour mon diplôme à l'Ensci. Ensuite des projets fous, il y en a beaucoup mais ce sont plutôt des idées folles et elles ne sont pas forcément réalisables.
MAP : Quel est l'objet dont vous auriez aimé être la créatrice ?
C.G. : J'adorerais faire un restaurant ou un petit hôtel pour commencer, je pense en effet que les choses arrivent tranquillement dans la vie, je ne cours pas après les immenses projets tout de suite, j'ai déjà assez de soucis avec les objets que je créé parfois !
MAP : Si l'une de vos créations pouvait parler, qu'aimeriez-vous qu'elle vous dise ?
C.G. : Je crois que j'aimerais plutôt qu'elle émette un bruit blanc, je n'aimerais pas trop qu'elle bavarde, je préférerais qu'elle fasse le calme en atténuant les bruits alentours.
C.G. : Designer est un métier artistique, est-ce que c'est de l'art ? Je ne sais pas... Nos objets ont un impact sur la vie mais qui est relatif, je crois que l'art a plus d'impact sauf qu'il rentre moins chez les gens, contrairement aux objets. Pour ma part, j'essaye de faire des créations qui soient un peu des tremplins pour l'imaginaire, qui créent le rêve.
L'art change la vie, est-ce que le design change la vie ? Personnellement, en tant que designer, je me place un peu au-dessous des artistes, qui eux, font l'un des métiers les plus difficiles. Nous designers, sommes confrontés à des problématiques toute la journée, notre métier, c'est de la gestion de crise, à 50%.
MAP : Considérez-vous votre métier comme un vecteur d'engagement, un outil pour faire passer un message ?
C.G. : Oui, mais c'est de l'engagement par les objets, je ne suis pas contre le fait d'être engagée mais il faut se méfier de dire les choses avec simplisme. De temps en temps, sur des projets, on me demande de dire ou faire des choses engagées mais ce n'est tout simplement pas mon métier. Il ne faut pas penser qu'on est ce que l'on n'est pas.