Depuis sa création en 2009, Édition Sous Étiquette (Ésé, pour les intimes) a édité onze objets. Parmi eux : un tapis, des luminaires, un soliflore, des miroirs ou encore un chandelier. Bref, une collection d'une grande diversité de formes et de fonctions. Si l'on s'y arrête, cet hétéroclisme peut déstabiliser mais, si l'on creuse un peu, l'on se rend vite compte que derrière tous ces objets se cache une seule et même démarche. "Les designers avec lesquels nous travaillons sont, avant tout et surtout, des auteurs qui portent des propos. Ils véhiculent tous un discours, explique Valérie Gonot, co-fondatrice de la structure. Tous possèdent un regard particulier sur notre société et nous les aidons à le relayer". "Au final, enchaîne François François Mangeol, son associé, tous nos objets se ressemblent dans le sens où ils, ils racontent tous des histoires". A travers leurs créations, certains designers abordent ainsi des grands thèmes de société comme l'interconnexion entre la culture occidentale et orientale, ou encore des sujets d'actualité - la délocalisation des usines françaises, le débat des minarets en Suisse... - voire des questions philosophiques, la question du Beau, du rapport au temps, par exemple. "Nous ne sommes pas dans le militantisme simplement, nous aimons les objets qui sont riches de sens et qui laissent des traces d'un contexte particulier à un moment donné", précise Valérie Gonot.

Valoriser le savoir-faire au sens large

 Si la manière dont les objets sont conçus est importante, celle dont ils sont fabriqués l'est tout autant. Ésé met en effet un point d'honneur à valoriser le savoir-faire, terme pris ici au sens large puisqu'il peut être soit industriel, soit artisanal. "Un designer ne peut pas travailler seul. Pour concrétiser ses objets, il doit forcément s'appuyer sur le savoir-faire d'une entreprise ou d'un artisan, rappelle Valérie Gonot. En tant que maison d'édition, poursuit-elle, nous avons donc un rôle à jouer pour favoriser les rencontres". Ainsi, pour la fabrication de son tapis "Occidorient", François Mangeol, qui est également designer, a été amené à collaborer avec la Manufacture de Moroges, fabricant et créateur de tapis depuis 1958 en Saône et Loire (pour en savoir plus sur cette dernière, cliquez ici). "Pour imprimer les motifs choisis - les caractères de la typographie des années 30 Times New Roman -, la manufacture a été obligée d'adapter le fonctionnement de ses machines", raconte François Mangeol. Il en a été de même pour la "main baladeuse" de Julien Michel. Pour parvenir à la concrétiser, Édition Sous Étiquette a invité le designer à se rapprocher d'une brosserie de luxe spécialisée dans la fabrication de manches à balai. "L'entreprise était la seule à posséder le savoir faire dont nous avions besoin pour fabriquer le pied de la lampe, un pied à la fois long et longiligne comme peut l'être un manche à balai, explique Valérie Gonot. Cette collaboration insolite prouve qu'il ne faut pas avoir peur de s'aventurer en dehors du territoire du design", conclut-elle. En un peu plus de deux ans d'existence, Ésé a déjà réussi à fédérer autour d'elle une dizaine de jeunes designers de divers horizons et à trouver plusieurs points de vente dans de grandes villes françaises ainsi qu'à l'étranger. La maison d'édition a d'ailleurs eu déjà la chance de voir son travail distingué à deux reprises. Le tapis "Occidorient" a rejoint les collections nationales permanentes du Fonds national d'art contemporain (FNAC) puis, en 2010, "I miss Swan", une autre création de François Mangeol, a reçu un label VIA. Des débuts prometteurs qui laissent à penser qu'elle n'a pas fini de faire parler d'elle ! Pour découvrir quelques-uns des objets édités par Ésé, cliquez sur les pages suivantes.