Page 2 - A way of life © Reto Guntli
MAP : Comment ne pas tomber dans le classicisme quand on prône l'intemporel ?
AdP : Je cherche toujours à ce qu'on ne me mette pas d'étiquette, à ce qu'on ne puisse pas déterminer en quelle année a été réalisé tel ou tel projet. La griffe est intemporelle, mais pour chaque maison, j'ajoute une touche qui fait la différence. Il s'agit souvent d'un élément plus moderne, qui casse le côté brut et sobre. Au départ, j'avais même prévu d'intituler mon livre
"Timeless" [intemporel, NDLR], mais l'une de mes consœurs l'avait déjà fait.
MAP : Quel est l'élément le plus compliqué à prendre en compte dans un projet ?
AdP : Le client ! Heureusement, avec ceux qui font appel à moi, une véritable osmose se crée très rapidement. La plupart des clients me donnent carte blanche pour l'avant-projet, et dans 95% des cas ils n'apportent pas de modifications majeures à mes propositions. C'est essentiel de sentir que le client à entièrement confiance en nous, car il n'y a plus de limite à la création.
MAP : Comment inclure les demandes du client sans brider ses propres idées ?
AdP : J'appréhende chaque chantier comme si c'était ma maison, tout en respectant les demandes du client. Il n'y a pas deux projets qui se ressemblent, c'est un nouveau challenge à chaque fois ! J'essaye de me mettre dans la peau du client, de prendre en compte ses habitudes, sans imposer mes idées. Mais il m'arrive parfois de dire non !
MAP : Quelle a été la demande la plus complexe qu'un client vous ait faite ?
AdP : Dans une maison du XIXème, posée à flanc de montagne, on m'a demandé d'installer un ascenseur, qui devait être à la fois beau mais invisible... Pour cela, on a dû casser la roche sur laquelle était posé le chalet, un travail énorme ! Un autre client m'a demandé d'intégrer dans le projet un morceau de la carlingue du Concorde... Je l'ai transformé en assise, mais le plus dur a été d'acheminer cette pièce de deux tonnes !
MAP : Quel est l'élément déclencheur de vos idées ?
AdP : Je ne sais jamais à l'avance ce que je vais faire, j'attends l'adrénaline. Tout part souvent d'un coup de cœur : un élément existant, un meuble que j'ai chiné, une couleur, une matière, un élément que je crée et dont découle le reste du projet. Dans un chalet neuf, nous avions commencé par la piscine, que nous avons égayé de flocons... A partir de ce motif, tout s'est mis en place, comme les pièces d'un puzzle ! Dans ce métier, on apprend en permanence, c'est pourquoi j'essaye toujours de rester humble.
Découvrez en pages suivantes des extraits du livre d'Alexandra de Pfyffer, A way of life.