Maison à part : Le cuir a toujours affirmé sa présence dans le domaine de la mode. En est-il de même dans l'univers de la décoration ? Claude Vuillermet : Le cuir a été introduit dans nos intérieurs dans les années 30 par le biais des canapés qui sont encore aujourd'hui l'un des objets de décoration les plus vendus dans le monde. Il y a quelques années, le Mobilier National avait consacré une exposition à ce matériau et j'avais été surprise par la richesse de notre patrimoine : guéridons, tables... Il semble qu'à toutes les époques le cuir ait été une source d'inspiration fertile pour les créateurs.

MAP : Pourquoi suscite-t-il encore leur intérêt aujourd'hui ?

C.V : Au fil des années le cuir a su évoluer : il est passé du statut de matériau aseptisé et industrialisé à celui de matériau sensible et créatif. Il peut désormais être décliné dans une très large palette de couleurs et s'adapter à presque tous les types de support. Le cuir séduit les créateurs également de part ses qualités intrinsèques. Avec ses rides et ses défauts, le cuir est en parfaite adéquation avec la philosophie qui consiste à dire que la beauté est imperfection.  MAP : Le cuir semble également combler les nouvelles attentes des consommateurs. Vous confirmez ? C.V : Oui absolument. Le désir des gens est d'avoir des intérieurs de plus en plus chaleureux. Avec son odeur et sa texture, le cuir les rassure. Il leur apporte également une notion de plaisir, de sensualité qu'ils ne parviennent pas à trouver dans leur environnement quotidien. MAP : Les nouveaux procédés techniques développés par les industriels ont-ils aidé le cuir à rester dans la maison ? C.V : C'est certain. La technique de l'enduction par exemple. Aujourd'hui les vernis de protection sont complètement transparents du coup, ils ne masquent plus la couleur naturelle du cuir. N'oublions pas les systèmes d'impression digitale et le découpage au laser. Grâce à eux le cuir peut presque prendre n'importe quelle apparence. MAP : Quelles sont les nouvelles utilisations possibles du cuir ? C.V : Aujourd'hui, c'est simple : tout est possible ! Le cuir investit les sols - par l'intermédiaire de dalles, de tapis - et les murs sous la forme de panneaux le plus généralement. Utilisé tantôt très souple tantôt très rigide, il habille toutes sortes d'objets : cela va du fauteuil de style jusqu'aux petits accessoires de bureau en passant par les luminaires. MAP : Ces dernières années, quels designers ont su le mieux mettre en valeur ce matériau ? C.V : La liste est longue ! Si je ne devais en retenir que quelques-uns, ce serait Marteen Baas avec son fauteuil Smoke en cuir noir et bois brûlé, Robert Stadler avec son installation Pools ans Pouf, des flaques en cuir capitonné noir, Douglas Legg avec son panier à fruits composé de bandes de cuir et édité chez ENO. Je tiens également à citer Ludovic Avenel, un jeune ébéniste, pour sa parfaite maîtrise de la technique du galuchat. Toutes les générations semblent se tourner vers le cuir et cela promet de belles surprises à venir... Il y a quelques mois Maison à part avait rencontré Ludovic Avenel. Pour découvrir son portrait, cliquez ici.