L'histoire de Garnier-Thiebaut débute par un oui. Celui prononcé en 1833 par Virginie Thiebaut pour répondre à la demande en mariage de Jean-Baptiste Garnier. Installé dans les Vosges, le couple profite de l'arrivée de l'électricité pour créer une industrie de tissage spécialisée dans le linge de maison. A l'époque, l'activité prospère déjà dans la région, notamment grâce à l'eau des ruisseaux qui alimentent le lac de Gérardmer. La coutume voulait qu'on y trempe le linge puis qu'on le fasse sécher au soleil dans un pré. Le degré d'acidité élevé de l'eau cumulé à l'action des U.V, permettait de le rendre, dit-on, "plus blanc que blanc", une qualité très appréciée par les hôteliers. Inutile donc de se demander pourquoi aujourd'hui encore l'usine Garnier-Thiebaut est implantée, en dépit des risques d'inondations, à seulement quelques mètres de la Vologne... Un sauvetage par la couleur  Après un bon départ, l'entreprise des Garnier-Thiebaut connaît plusieurs crises qui conduisent ses héritiers à s'en séparer en 1969. Il faut attendre 1985, date du rachat par la famille Montclos, pour qu'elle retrouve une certaine stabilité. Mais les difficultés financières persistent... Au bout de neuf ans, la situation devenant vraiment critique, Hervé de Montclos fait venir son frère, Paul, "au chevet de l'entreprise". Se refusant à vendre, ce dernier décide de "reprendre en main la destinée de la maison vosgienne", un véritable challenge ! "Il m'est apparu qu'avec des investissements techniques et un changement d'équipe, on pouvait envisager des solutions de développement" raconte-t-il. Sa première initiative, qui va s'avérer déterminante par la suite, est de faire appel à deux stylistes du monde de la mode pour élaborer les collections. Les nappes qu'elles imaginent osent la couleur : des carreaux blancs, ivoires, taupes, oranges, rouges s'y juxtaposent sans complexe. "Nous avons beaucoup hésité avant de commercialiser ces nouveaux modèles", confie Paul de Montclos. Il faut dire que le changement est radical pour l'entreprise qui, jusqu'en 1995, ne fabriquait que du linge blanc ! Toile enduite : innovation gagnante Mais cette période de doutes ne dure pas. Les clients sont séduits et les métiers à tisser de l'usine de Gérardmer se remettent à tourner à plein régime. Désormais, entre 4 et 5 collections, contenant chacune jusqu'à 25 modèles différents, sont éditées par an auxquelles viennent se rajouter des séries limitées. La nappe Mille Couleurs où se mêlent étoiles filantes, lunes, couronnes, soleils, constellations dans un foisonnement de couleurs devient "le" produit phare de l'enseigne. Ironique pour une production qui devait au départ se limiter à 150 mètres ! Conscient que la créativité fait désormais sa force, Garnier-Thiebaut, collabore avec des créateurs de renom : après Robert Le Héros, José Lévy en 2008, l'entreprise fait appel en 2009 à... Jean-Charles de Castelbajac ! En même temps qu'elle trouve son style, l'entreprise innove sur le plan technique avec, par exemple, le lancement d'une toile enduite. Recouverte d'une couche de billes d'acryliques, cette nappe est anti-tâches. Parallèlement, Garnier-Thiebaut diversifie ses activités : en plus du linge de table et du linge de lit, elle se met à fabriquer différents produits : serviettes en éponge, torchons, couvre-lits... Des changements qui lui permettent de conquérir le marché des particuliers. Hôteliers, restaurateurs sont également conquis. Les nappes se retrouvent sur toutes les tables, depuis celles de l'Elysée jusqu'à celles des palaces internationaux comme le Four Seasons, le Carlton ou le Hyatt, en passant par celles des grands chefs étoilés français. Devenir en quinze ans, l'un des fleurons du savoir-faire français à l'étranger, une belle réussite ! Pour découvrir la saga Garnier-Thiebaut en images, cliquez sur suivant.