Il fallait y penser. Après Yann Arthus-Bertrand et ses photos vues du ciel, John Thackwray lance l'exposition "My room" (ma chambre). Découverte à la Maison de l'Aquitaine, à Paris, elle retrace un périple de deux ans à travers le monde et un voyage au centre de la chambre. Plutôt habitué à la réalisation de films publicitaires et de clips, en 2010, John Thackwray troque sa caméra pour un appareil photo grand angle et initie le projet : "My room", son premier travail photographique. Muni d'un escabeau ou d'une échelle - la technique usitée ne nous sera pas révélée -, le baroudeur s'est fait inviter dans les chambres de pas moins de quatre cents personnes sur trois continents, afin de réaliser une collection de photos prises toujours de la même manière : d'en haut avec, au centre, son propriétaire. Allemagne, Angleterre, Roumanie, Turquie, Canada, Chine, Inde... "Avec My room, je souhaitais laisser une trace de notre génération (John a 29 ans), ses modes de vie et de consommation, bien que ce projet soit totalement apolitique", nous confie le photographe. A l'image du travail photographique "Les Américains" (1958), réalisé sur la société américaine par Robert Frank, avec "My room" , John Thackwray nous propose un véritable "recensement sociologique de la jeunesse d'aujourd'hui", à travers le monde. En décidant de traiter de la chambre et de la manière dont chacun se l'approprie, il interroge l'importance du cocon pour sa génération, née dans les années 80.

A la rencontre de ses pairs

"J'ai d'abord commencé par photographier des proches, puis j'ai trouvé mes 'sujets' via les réseaux sociaux. Lorsque je les rencontrais, j'avais toujours un livre avec moi afin de leur montrer mon travail", nous explique l'auteur. "Les gens étaient libres de montrer ce qu'ils voulaient sur la photo". Seule la façon de photographier reste la même, la vue unique du plafond permet de voir l'hôte et son environnement : une façon de démontrer que l'humain se définit par lui-même mais, aussi, par ce qu'il possède. Saturées, les photos offrent un véritable patchwork de nos civilisations et, parfois, de modes de vie en voie de disparition. "Aujourd'hui, dans chaque pays, chaque maison, chaque chambre, l'on retrouve du made in Ikea ou Apple, les habitations sont construites sur le même modèle, les modes de vie traditionnels disparaissent", regrette John Thackwray. "Les photos qui m'ont le plus marqué durant ce périple ne sont pas forcément les pus graphiques. Ma rencontre avec Pema, un étudiant bouddhiste à Kathmandu, au Népal, m'a particulièrement touché. C'est la dernière photo de mon voyage et Pema, dans le cadre de ses études monastiques, s'en allait vivre dans une grotte durant trois ans, sans voir personne". Car au-delà de la prise de vue, qui se déroulait généralement en une demi-heure, c'est la rencontre avec l'humain qui ressort de cette exposition. "Je pouvais passer des soirées entières avec mes hôtes. Je me souviens être resté cinq heures avec une fille, à Londres, elle était hyper-perfectionniste et me disait tout le temps à propos de la photo : everything is not perfect ! (Tout n'est pas parfait). " "My room" sera exposée aux rencontres photographiques d'Arles, du 2 juillet au 31 août prochains. L'aventure photographique, elle, se poursuivra, en 2013 avec, comme nouvelles étapes, l'Afrique et l'Amérique du sud. Découvrez en images et en pages suivantes quelques-unes des chambres photographiées.