Faire construire sa piscine : est-il trop tard pour cet été ? © iStock
De plus en plus de Français se jettent à l'eau. Le marché de la piscine enregistre en effet une croissance exponentielle ces dernières années. Comme l'indiquaient des prévisions de la Fédération des professionnels de la piscine et du
Spa (FPP) en novembre dernier, 2020 s'annonçait comme la 5e année de hausse consécutive du marché -
"malgré un coup d'arrêt en début de confinement".
En dépit de la situation sanitaire, le nombre de
piscines vendues au premier semestre 2020 enregistre
une hausse de +8,5 %, avec un pic à +43 % en juin. Idem du côté des constructions, avec une augmentation de 5,5 % du nombre de piscines construites sur la première moitié 2020 (et jusqu'à +41 % au mois de juin).
"Nous sommes sur des croissances énormes" confirme Joelle Pullinx Chalet, déléguée générale de la FFP. Et la tendance est sensiblement la même pour 2021.
Avec des mesures sanitaires renforcées et des déplacements à l'étranger quasi impossibles, les Français entendent bien
profiter de leur jardin et n'hésitent plus à faire
aménager un bassin. Mais pas d'inquiétude selon Joelle Pulinx Challet : bien que le carnet des piscinistes soit bien rempli,
"si on se dépêche de passer commande, on peut encore avoir une piscine pour cet été". Une affirmation toutefois soumise à quelques "mais".
Premièrement : face à l'explosion de la demande, le secteur a un fort besoin en main-d'œuvre.
"Aujourd'hui, plus de 9 entreprises sur 10 veulent renforcer leurs effectifs, 68% veulent embaucher de nouveaux collaborateurs permanents, 34% des saisonniers, et 22% former des jeunes en apprentissage", précise la déléguée générale.
Et cette donnée n'est pas sans conséquences pour les particuliers.
"Le manque de main-d'œuvre va poser problème cette année", prophétise Joelle Pulinx Challet.
"Il va falloir trouver le temps d'envoyer les nouveaux salariés en formation, les métiers de la piscine sont assez techniques (terrassement, maçonnerie, plomberie, étanchéité, électricité, sécurité... ndlr). Nous espérons qu'il y aura suffisamment de main-d'œuvre pour répondre à la demande".
Deuxième point : prudence est mère de sureté pour la déléguée générale. De son avis, étant donné le timing serré,
"il vaut mieux être patient et s'inscrire dans le carnet de commandes d'une entreprise sérieuse plutôt que chez un opportuniste", prévient-elle.
La piscine est un achat coup de cœur. Pour autant, c'est un ouvrage de génie civil qui fait appel à de nombreuses compétences. Seul un multispécialiste garantira
une réalisation de qualité.
"Nous recommandons donc d'aller voir de vrais professionnels (labellisés Propiscines® et Proabris® ndlr), de faire réaliser plusieurs devis, de comparer, préparer son projet en amont, et de prendre son temps", insiste Joelle Pulinx Challet.
Bien entendu, le timing dépendra aussi du type de piscine souhaité par le particulier. Entre piscine maçonnée et piscine hors-sol, il y a un monde. Dans l'optique d'avoir son bassin pour les beaux jours, la mise en œuvre d'une piscine hors-sol (ou en kit) est plus rapide.
"Elle peut être installée par le particulier, à l'aide d'une hotline, de tutos, ou avec des professionnels également ! Si on installe soi-même, on gagne du temps, mais c'est légèrement différent car nous n'avons pas l'assurance décennale du pisciniste pour la pose, donc il faut être bon bricoleur", souligne la déléguée générale.
Un bassin maçonné, lui, implique plus de démarches. Au-delà de 10 m2 de surface d'eau, une déclaration de travaux est nécessaire - au-delà de 100 m2, il faut un
permis de construire. Comptez un mois d'attente, voire deux, si le bassin est en zone naturelle ou dans un périmètre classé monument historique.
Ensuite, les
délais de construction dépendront des techniques et du carnet de commandes du pisciniste.
"Dans l'absolu, un bassin peut être installé en une semaine, à condition que le pisciniste n'ait pas trop de clients. Hors-sol, c'est plus simple ! Puisque la mise en œuvre dépendra essentiellement de vos capacités et de la disponibilité du produit". Et c'est là où le bât blesse :
"L'année dernière, il y a eu une pénurie", rappelle Joelle Pulinx Challet.
Mais pas d'inquiétude, ce n'est pas le cas pour le moment. Un autre facteur, plus imprévisible cette fois, vient ajouter à l'incertitude : la météo.
"Si le temps est bon, la pose sera plus rapide, mais ça, nous ne pouvons pas le prévoir..."