Toitures végétalisées : l'envers du décor

    Publié le 27 août 2008 par Propos recueillis par Céline Chahi
    Toitures végétalisées végétales
    Toitures végétalisées végétales © Soprema
    En milieu urbain comme rural, les toitures végétalisées fleurissent en haut des bâtiments collectifs et des maisons individuelles. Le problème est qu'elles restent encore mal connues. Anne-Marie Gandon, attachée de direction Sopranature pour l'entreprise Soprema, membre fondateur de l'association des Toitures Végétales (Adivet), fait le point sur cette technique de construction en plein essor.
    Maison à Part : A quand remonte l'apparition des toitures végétalisées en France ?
    Anne-Marie Gandon : Il a fallu attendre la fin des années 80 pour que les toitures végétalisées commencent à se développer dans l'hexagone. Car, si dans les pays nordiques, mettre de la végétation sur son toit est une pratique ancestrale, en France, ce n'est pas le cas. Aujourd'hui, le marché ne cesse de progresser avec 341 000 m2 de toitures végétalisées installés en 2007 contre 271.000 en 2006 et 171.000 en 2005.
    MAP : Quel est le principe de cette technique ?
    A-M. G. : L'objectif est d'établir un couvert végétal permanent dont le poids est maîtrisé sur une toiture-terrasse plate ou inclinée.
    MAP : Alors justement, de quels éléments se compose ce fameux "couvert végétal" ?
    A-M. G. : Plusieurs éléments viennent successivement se positionner uniformément sur la structure porteuse : un pare vapeur, un isolant thermique et un revêtement d'étanchéité, résistant à la pénétration racinaire. Le tout est recouvert d'un complexe de végétalisation lui-même composé de quatre couches distinctes : une couche drainante pour évacuer les excédents d'eau, une couche filtrante, une couche de culture - c'est-à-dire un mélange d'éléments minéraux et organiques, également appelé substrat - et, bien sûr, de la végétation. Dans le cas d'une toiture végétalisée extensive, il s'agit de végétaux assez ras et tapissants dont le rendu visuel est proche de celui d'une moquette. Dans le cas d'une toiture végétalisée semi-intensive, il s'agit d'un ensemble diversifié tant en termes de volumes que de couleurs.
    MAP : Quelles sont les caractéristiques communes à tous ces végétaux ?
    A-M. G. : Pour vivre durablement sur un toit, les plantes doivent être résistantes à la sécheresse et au vent. Elles doivent également posséder un enracinement peu profond et nécessiter peu de soins d'entretien. Pour résumer, il ne faut pas vouloir introduire n'importe quoi sur sa toiture ! Sur les toitures végétalisées extensives - dont l'épaisseur oscille entre 8 et 10 cm -, on privilégiera les plantes grasses de la famille des sédums qui s'étendent sans prendre de hauteur. Pour les toitures semi-intensives, on s'orientera également vers des plantes vivaces et des arbustes.
    Anne-Marie Gandon.
    Anne-Marie Gandon - Toitures végétalisées © Soprema
    Anne-Marie Gandon.
     
    MAP : Quels sont les atouts de ce type de toiture ?
    A-M. G. : L'intérêt est d'abord esthétique puisque la vue d'une toiture végétalisée est agréable. Ce type de toiture présente aussi un certains nombre d'avantages environnementaux. Grâce à son excellente capacité de rétention d'eau et son pouvoir tampon, par exemple, il réduit les risques d'inondation en milieu urbain. Par la fraîcheur qu'il garantit l'été, il participe également à l'amélioration du confort thermique des occupants à l'intérieur du bâtiment. Il offre par ailleurs une bonne protection acoustique particulièrement utile dans les établissements collectifs : les boîtes de nuit, les écoles... Enfin, il permet de réintroduire la nature en milieu urbain, de fixer les poussières et, par conséquent, d'assainir l'atmosphère des villes.
    MAP : Et dans les villes, quelles sont les règles ? Toute habitation, même implantée dans un tissu urbain dense, peut-elle être agrémentée d'une toiture végétale ?
    A-M. G. : Oui à condition que les toitures-terrasses soient autorisées par l'unité urbaine concernée, ce qui n'est pas toujours le cas. Certains plans locaux d'urbanisme - celui de Paris par exemple - incitent même à l'implantation de ce type de toitures. Les principales contraintes qui peuvent se poser sont d'ordre technique. Pour les connaître, c'est simple, il suffit de consulter les règles professionnelles pour les toitures et terrasses végétalisées rédigées par la chambre syndicale d'étanchéité.
    MAP : L'entretien de ce type de toiture est-il contraignant, notamment en termes d'irrigation ?
    A-M. G. : Dans toutes les régions françaises - à l'exception du pourtour méditerranéen-, l'irrigation n'est pas nécessaire car les précipitations suffisent à alimenter naturellement la végétation. Pour faire face à une situation de sécheresse, il est tout de même conseillé d'installer un point d'eau en toiture.
    En général, l'entretien d'une toiture végétale est limité à un ou deux passages annuels. Mais, dans la première année qui suit la mise en œuvre des plantes, quelques travaux sont nécessaires afin de favoriser leur croissance. Il convient par exemple de monter trois à quatre fois sur le toit pour vérifier que les plantes indésirables n'empiètent pas sur les autres ou qu'aucun débris n'obstrue les évacuations d'eau pluviale. Si la végétalisation a du mal à prendre, il conviendra de procéder à une opération de fertilisation pour développer des racines.

    MAP : Quel budget faut-il compter ?

    A-M. G. : Pour un complexe de végétalisation, il faut compter entre 45 euros et 120 euros du m2, pose comprise. Une somme qui dépend de nombreux facteurs, comme le type de végétation, la surface ou la difficulté technique. Et bien sûr il faut rajouter le coût de la membrane d'étanchéité anti racinaire, de l'isolant et du pare-vapeur.
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