"Les radis sont trop fins. Ils n'ont pas été assez arrosés", remarque Jeanine, traitée à l'Institut Curie (Paris) pour un cancer. Ce n'est pas faute de soins ! Comme une dizaine d'adhérents du petit espace vert "Graine de vie", cette jardinière en herbe vient chaque semaine cultiver un petit lopin de terre, en même temps qu'elle reçoit sa chimiothérapie. Une activité qui a l'avantage, selon elle, d'offrir à la fois un moment de répit après le traitement et, en même temps, d'être propice aux discussions avec les autres personnes de l'hôpital.

Un jardin adapté

L'idée trottait depuis un bon moment dans la tête de Karine Laure, responsable de l'espace de rencontre et d'information (ERI®) de l'institut Curie : "Le jardin existait déjà au sein de l'hôpital mais il était un peu triste, composé d'une herbe rêche, parsemée, et de quelques bancs en plastique". A l'automne dernier, le projet a enfin pris forme grâce à un partenariat avec la mairie de Paris qui a mis à la disposition des malades un jardinier de la ville : "Grâce à lui, ce petit carré de verdure est ouvert à tous, six heures par semaine. Seul impératif pour y participer : avoir un accord oral du médecin et mettre les gants et le chapeau à disposition", précise Karine Laure. Salades, radis, tomates, fraises ou encore doucette, lavande et campanule... Les végétaux cultivés sont variés. Leur choix a été réalisé un peu au hasard, selon les envies des membres du comité "Graine de vie". L'aménagement du jardin, au contraire, a été pensé en fonction des besoins inhérents à l'hôpital : "Les bacs aux abords du chemin dallé ont été surélevés pour permettre aux personnes qui ont des perfusions de pouvoir s'approcher des potagers; d'autres pots, en étages, permettent de cultiver les végétaux soit debout, soit assis. Enfin, certaines plantes ont été disposées dans des tables aux pieds larges, accessibles aux fauteuils roulants", commente Karine Laure.

Tous jardiniers !

Née en mars dernier, cette initiative a rapidement rencontré un franc succès : "C'est un véritable allié thérapeutique, reconnaît Jeanine, traitée à l'institut. Le jardin occupe à la fois le corps et l'esprit. Il est une aide précieuse, notamment au sortir du cabinet du médecin qui n'annonce pas toujours de bonnes nouvelles". Le potager est aussi un prétexte pour tisser un lien entre les personnes hospitalisées : "Dernièrement, un couple qui me regardait travailler m'a interrogée sur certaines plantes. De fil en aiguille, nous en sommes venus à discuter et ils m'ont même offert de la guimauve". Un échange qui n'aurait certainement pas eu lieu lorsque le jardin restait à l'abandon, assure Jeanine. En outre, dans cet espace, "il n'y a plus de clivage avec d'un côté les soignants et, de l'autre, les malades, souligne Jeanine. Rien que des jardiniers qui se retrouvent face aux problématiques quotidiennes du potager". Et Karine Laure de confirmer ce changement, tout en sélectionnant les légumes pour le pique-nique qu'elle organise dans le jardin, avec les autres membres du comité "Graine de vie", qui se hâtent d'arriver. Patients et soignants, tous s'installent pour cette première dégustation des légumes du jardin de l'institut Curie, un évènement qui sonne, ce soir là, comme une première victoire contre la maladie ... Pour avoir un aperçu de ce jardin d'exception, cliquez sur suivant.