Brin D'Guill' © Brin D'Guill'
Apparus en France dans les années 2000, les jardins partagés, qui permettent aux habitants d'une ville de jardiner et de cultiver ensemble en plein milieu du tissu urbain, font toujours fureur en France. On en compte aujourd'hui 50 à Paris, presque autant dans le Grand Lyon, 23 à Brest, 8 à Montpellier...Un véritable phénomène de société !
Au pied des immeubles, dans les parcs municipaux, sur des friches industrielles... En l'espace de dix ans, les jardins partagés ont poussé un peu partout dans les grandes villes françaises, y compris dans les endroits où on ne les attendait pas. Une expansion rapide orchestrée à l'échelle nationale par le réseau
"Le jardin dans tous ces état" dont la création a été encouragée en 1996 par la Fondation de France. Ses membres ont eu l'idée d'importer en France le concept de
"jardins collectifs urbains" né à New York au début des années 1970. Plus connus sous le nom de
"community garden", ils reposent sur le principe de faire jardiner ensemble, sur des parcelles à la superficie limitée, les habitants d'un même quartier. Une démarche originale ayant pour principal objectif de créer du lien social.
"Le jardinage sert de prétexte pour faire se rencontrer les gens, explique Laurence Baudelet co-fondatrice de Graine de Jardin, association qui aide les jardins partagés à se développer en Ile-de-France.
Bien sûr cela reste aussi un bon moyen pour introduire de la biodiversité en ville sans oublier que cela permet également aux citadins de retrouver un lien avec le vivant".
Dans la pratique, il n'existe pas de
"modèle unique" de jardin partagé mais simplement quelques règles à respecter qui sont fixées par la charte du réseau
"Le jardin dans tous ces état". Elle stipule par exemple que le jardin doit être élaboré et géré collectivement et qu'il doit également être ouvert au public au moins une fois par semaine. Rien en revanche concernant la nature des plantations :
"chacun est libre de faire pousser ce qu'il veut où il veut, à condition bien sûr de respecter les limites éventuelles de sa parcelle et de privilégier une culture biologique, sans aucun pesticide, ni engrais chimique", précise Françoise Viallefont, salariée de l'association Le Passe-jardins implantée en Rhône-Alpes. Un fonctionnement bien différent des jardins familiaux qui sont pour leur part systématiquement organisées en parcelles attribuées à une famille pour subvenir à ses besoins alimentaires.
"Dents creuses" Brin D'Guill' © Brin D'Guill'
C'est à Lille en 1997 que le premier jardin partagé, le jardin des Retrouvailles, voit le jour. Rapidement d'autres lui emboîtent le pas en Ile-de-France d'abord, puis dans toute la France : Bretagne, Rhônes Alpes, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Poitou-Charente... En 2003, le concept est même repris par la ville de Paris avec le lancement du réseau Main Verte qui compte aujourd'hui 50 jardins partagés. Plus récemment, Montpellier vient également de développer sur son territoire le même type de réseau, Toulouse pourrait bientôt également s'y mettre... L'engouement suscité est tel que les jardins fleurissent un peu partout, même dans les endroits insolites. A Lyon, par exemple, l'association Brin D'Guill' a choisi d'investir un quartier laissé en friche dans l'attente d'un projet de rénovation. Un jardin entre un parking désaffecté et une maison en ruines, un autre à côté d'un immeuble en cours de démolition et une
"mini-décharge"... Bref, des espaces verts atypiques installés dans des
"dents creuses" et dont, pour la plupart, la superficie n'excède pas la dizaine de m2.
"Au départ, l'occupation des terrains devait être temporaire mais finalement, cela fait six ans que nous sommes installés", raconte amusée Claire Faraco, 25 ans, secrétaire de l'association.
Pour Laurence Baudelet, co-auteur du livre Jardins partagés, utopie, écologie, conseils pratiques aux éditions Terre Vivante, le succès des jardins partagés s'explique avant tout par le fait que
"la population urbaine se sent désormais très concernée par les problèmes environnementaux". C'est notamment le cas de Claire qui, depuis qu'elle a rejoint le jardin partagé de son quartier fait plus attention à son cadre de vie. Elle avoue également y venir pour des plaisirs plus simples comme ceux de voir pousser ses légumes ou de les faire goûter aux autres. D'ailleurs, petit message à l'attention de ses collègues jardiniers : c'est elle qui a ramassé la verveine l'autre jour mais, qu'ils se rassurent, il lui en reste, il n'y a qu'à demander !