C'est devenu le rendez-vous incontournable des passionnés de jardin, d'art contemporain et de créations végétales. Le Domaine de Chaumont-sur-Loire accueille chaque année, dans ce cadre d'exception, de nombreuses manifestations artistiques, et met ainsi l'art floral à l'honneur avec la quatrième édition de son festival "Quand fleurir est un art". Les différentes salles du château servent une fois encore d'écrin à des compositions originales, réalisées par quelques-uns des plus grands noms du design et de la décoration florale. Aussi poétiques qu'éphémères, ces créations ont été imaginées pour prendre vie dans ce décor historique. Un lieu qui, pour Chantal Colleu-Dumont, la directrice du site, se doit d'être ainsi partagé. "C'est un lieu d'art et de végétal", nous explique cette passionnée de fleurs. "Il est important que l'on puisse proposer à des artistes de sublimer les pièces du château". Du 7 au 11 octobre, les visiteurs pourront ainsi s'émerveiller devant la beauté de ces tableaux élégants et pleins de délicatesse.   La visite s'ouvre ainsi sur une création réalisée par les apprentis de l'Ecole des fleuristes de Paris, qui ont investi la chambre de Ruggieri, célèbre astrologue au service de Catherine de Médicis. Inspirée par ce lieu de prédiction, la composition mêle fleurs et jeux de lumière. "Les globes symbolisent les étoiles, on y retrouve aussi le côté boule de cristal. UN travail a également été fait sur la perspective et l'effet de profondeur" explique Garry Taffin, formateur et Meilleur Ouvrier de France. "Il est fondamental d'avoir de jeunes talents qui contribuent à l'embellissement des pièces du château" ajoute Chantal Colleu-Dumont.   La chambre de Catherine de Médicis, elle, a été investie par le Belge Max Hurtaud, Médaille d'or au concours international Huis Ten Bosch à Nagasaki, au Japon, en 2019. Le jeune designer a voulu rendre hommage à la reine, et sa personnalité tout en contrastes, avec des compositions aux couleurs flamboyantes et pleines de caractère. "J'ai voulu souligner sa puissance avec des lignes fortes, qui montent et qui symbolisent la force avec laquelle elle a dirigé, mais aussi des lignes passives, tombantes, plus douces, car c'est aussi une mère qui protège ses enfants". Un travail tout en finesse jusque dans les détails : les contenants disparaissent ainsi derrière un minutieux assemblage de pommes de pins ou de feuilles de bananier.   La Salle du Conseil a ensuite été confiée à Clarisse Béraud. Un lieu chargé d'histoire, difficile à investir, mais qu'elle a transformé avec une création pleine de douceur. "Je voulais changer la perception de cette salle, un peu austère". Elle s'est ici inspirée d'une sculpture posée sur la grande table. "Je trouvais qu'elle amenait de la douceur et de la féminité, j'ai donc imaginé une création dans le même esprit, avec des couleurs très douces. On y trouve plusieurs sortes de chrysanthèmes, ce qui permet aussi de changer l'image de cette fleur souvent associée chez nous au deuil". Le résultat, léger et aérien, amène ainsi un peu de poésie dans ce décor très solennel.   Frédéric Dupré, Médaille d'Or du Concours des meilleurs apprentis de France, puis Meilleur Ouvrier de France en 2011, a pris possession de la Salle des Gardes, mais surtout de la Salle à manger, où il a imaginé un extravagant décor de table. "La Princesse de Broglie ne s'interdisait rien lorsqu'elle recevait, j'ai donc voulu quelque chose de très généreux, avec une abondance de fleurs" explique-t-il. "Elle collectionnait aussi les plantes exotiques, notamment les orchidées, que l'on retrouve dans la suspension". Fleurs, mais aussi fruits, ananas, grenade, haricots, pâtissons... composent ainsi ce luxuriant rideau végétal.   C'est à Charline Pritscaloff, sacrée Meilleur Ouvrier de France en 2011, que les clés de la Salle de billard ont été remises. Inspirée par la lumière qui vient éclairer la pièce en fin de journée, la fleuriste a imaginé "le plus beau rayon de soleil". Le billard disparaît ainsi sous une spectaculaire nappe, entièrement recouverte de fleurs d'immortelles, qui ont été collées une à une sur le tissu. Au-dessus, s'élance une profusion de fleurs, elles aussi déclinées dans un élégant camaïeu de jaune, "comme un feu d'artifices de fleurs, qui viennent rayonner dans la salle et amènent un peu chaleur".   La visite se termine dans les Salons de la Princesse de Broglie, décorés par l'Italien Rudy Casati. "Un véritable défi car c'est une salle difficile, pleine de mobilier, de tableaux, d'objets, il fallait trouver une solution pour avoir une installation présente, puissante" souligne-t-il. Sa création, onirique, se lit un peu "comme un rêve". Les feuilles de lotus géantes prennent ainsi possession de l'espace. Les couleurs ont été travaillées en harmonie avec celles du décor. La designer a également joué sur les contrastes, avec des matériaux pleins, aux lignes géométriques, et d'autres plus légers, plus aériens. "C'est aussi l'année du Métaverse, un monde avec des couleurs étranges. C'était donc aussi le moment idéal pour créer un univers qui n'existe pas vraiment" conclut-il.