Lors de la construction de la maison, l'architecte s'était principalement intéressé à la bâtisse, laissant de côté tout aménagement extérieur. Lorsque l'architecte-paysagiste a repris la main, tout était à faire. Il y avait simplement une grande pelouse à forte pente, au bord du lac Léman. Le dénivelé était très important : neuf mètres séparaient le niveau de la route et celui du haut du jardin. Le terrain était donc difficilement praticable en l'état.

Avec ce genre de contraintes, il était indispensable de réaliser un grand travail de terrassement avant de commencer la restructuration. « Il a fallu travailler avec une grue et des petits engins afin de travailler finement sur ce terrain pentu. Nous nous sommes livrés à un jeu de déblais/remblais pour déplacer le moins de terre possible », nous raconte Christian Préaud.

« Poser une structure dans ces espaces extérieurs a été l'élément principal de mon travail. Les végétaux sont ajoutés ensuite », nous confie l'architecte -paysagiste. C'est donc l'architecture du jardin qui a été privilégiée dans cet aménagement, comme on peut le voir sur ce plan. L'idée de départ de Christian Préaud était de prolonger l'intérieur sur l'extérieur. Il s'est donc calé sur les angles de la maison pour créer ceux du jardin. Afin de rester en harmonie avec la bâtisse qui est constituée de blocs quasiment indépendants et reliés les uns aux autres sur plusieurs niveaux, l'architecte-paysagiste a opté pour un jardin en gradins, constitué de quatre terrasses sur quatre niveaux différents. *Le plan ci-dessus est donné à titre indicatif. Des modifications sont intervenues entre le projet et la réalisation finale.

Ce découpage en quatre terrasses en éventail permet à l'architecte-paysagiste de constituer des espaces à vivre comme des pièces extérieures indépendantes. Le style est emprunté aux restanques du Sud. Trois terrasses sont soutenues par des murets de pierres sèches de Bourgogne et recouvertes de pelouse, tandis que la quatrième est habillée de gravier blond. Elles ont toutes leur propre ambiance et sont reliées par des marches en monoblocs de béton ciré noir.

Dans ce jardin, le plus frappant est certainement le contraste entre les murets que l'architecte-paysagiste appelle « le naturel construit » (car ils sont constitués de pierres naturelles), et les éléments travaillés comme les blocs de béton et la sculpture en bronze de Nathalie Miquel Aubert. « Bien que contemporaine, la maison n'est pas froide, on s'y sent comme dans un cocon. J'ai imaginé le jardin dans le même esprit : la végétation est simple, les matières brutes dialoguent avec les matières transformées pour créer des espaces à vivre », nous raconte Christian Préaud.

Au bout de chaque muret des groupes de trois cyprès de Florence encadrent les vues vers le lac. « J'aime le symbole de bienvenue que représentent les cyprès. Ce sont les seuls éléments végétaux que l'on a taillés afin de les mettre le plus en valeur possible », précise Christian Préaud.

« J'aime travailler avec une palette végétale très homogène, presque discrète. L'architecture et la structuration du paysage priment sur l'aspect botanique du jardin, bien qu'il ne soit en aucun cas négligé », nous révèle l'architecte-paysagiste. C'est dans cette optique que Christian Préaud a parfois laissé la nature s'exprimer, en semant notamment des cistes au hasard, leur laissant ainsi la possibilité de se propager à leur gré dans le jardin.

L'accès à la maison se fait par une pente côté Nord. Une rampe en asphalte gris, agrémenté de pierres blanches est à la fois en harmonie avec le reste du jardin et pratique pour accéder en voiture à la bâtisse, même en cas de verglas.

Le décor végétal de ce jardin a également été très travaillé, bien que Christian Préaud s'intéresse particulièrement à la structure de l'espace extérieur. Il a opté pour les mêmes végétaux que ceux des jardins de la Méditerranée, malgré le climat suisse, moins clément que celui d'Italie. « Le lac au pied de la maison crée un tampon thermique qui permet aux plantes du soleil de s'accommoder au lieu, malgré l'humidité », précise l'architecte-paysagiste. Amandiers, cyprès, parterre de lavande, hortensias et abricotiers magnifient les espaces extérieurs pour créer une ambiance totalement dépaysante.

La piscine, quant à elle, a été construite en même temps que la maison. Implanté aux pieds des terrasses, côté Nord, le bassin en longueur blanc et bleu s'inscrit également dans un style méditerranéen, duquel s'est inspiré l'architecte-paysagiste pour réaliser le reste du jardin.

Maître d'œuvre : Christian Préaud Maître d'ouvrage : Privé Date de réalisation : 2007 Localité : Suisse Surface : 600 m2 Durée des travaux / gros œuvre : 3 mois Entreprise, aménagement et entretien : AB Jardin Pépinière : Van Pelt S.A. Budget : non communiqué www.atelierjardins.com