Allo déco, j'écoute ?

    Publié le 8 janvier 2007 par Pauline Polgar
    Les professions autour de la décoration se multiplient mais ne se ressemblent pas tant que ça. L'engouement autour de la décoration aidant, on assiste à une surenchère des offres. Tour d'horizon.
    Architecte d'intérieur, décorateur, coach déco, relookeur, architecte d'intérieur-coach déco, coach déco-architecte, STOP ! Avec l'engouement pour l'univers de la décoration, de plus en plus de Français veulent faire appel à un professionnel pour aménager leur intérieur. La variété des émissions de télévision sur ce thème en donne un aperçu et suscite l'envie. Entre Philippe Demougeot, le maître du dessin poussant les murs, Tony Lemâle qui en un clin d'œil transforme le séjour en intérieur contemporain ou encore Valérie Damidot la papesse du rouleau de peinture en salopette, le téléspectateur n'a qu'une envie en éteignant la télévision : s'y mettre. Mais pas forcément tout seul.
    Désormais on "construit", on "réfléchit" son intérieur comme on a pensé sa maison. Mais à qui s'adresser ? Avec la multiplication des sources d'information, la demande de spécialistes se fait paradoxalement plus pressante. On pourrait le faire soi-même, mais il faut que le "pro" nous guide. Les tentations, l'évolution du mode de vie et surtout la chasse au m², poussent l'individu à repenser son habitat.
    Ils sont aujourd'hui plusieurs à occuper le devant de la scène. Les premiers intéressés sont les architectes d'intérieur : mal aimés et victimes d'idées reçues - chers, hautains, créant des univers froids et uniformisés - ils tentent de reprendre la main sur leur profession en en officialisant le titre. Tout en observant de très près ses mutations. Car les coachs et relookeurs déco détournent sa clientèle.

    Question de formation

    Thierry Conquet, président du Conseil Français des Architectes d'Intérieur (CFAI), voit dans toutes ces professions, même si elles ont toutes une approche de l'espace et de la décoration, une différence majeure : la formation.
    Pour les architectes d'intérieur, la formation est double, acquise dans une école renommée (Boulle, Camondot, etc.), à la fois sur la création d'espace et sur les produits d'environnement. Ainsi, l'architecte d'intérieur est également designer, dans le sens où il dessine du mobilier intégré à l'espace créé. Son offre est une prestation de service et garantit à celui qui y fait appel des assurances obligatoires (couvrant les garanties biennale, décennale et de bon achèvement). L'architecte d'intérieur pense l'espace en fonction de son utilisation présente et future, en y intégrant les contraintes de son client.
    Le coach : psy, effet marketing ou vrai pro ?
    Le succès des coachs déco les a beaucoup remis en question. Mais le coaching reste un concept flou. Le phénomène "coach" ne s'arrête pas à la décoration. Profession ayant émergé aux Etats-Unis, le coaching accompagne les décisions d'une personne et lui redonne confiance en lui prodiguant des conseils. Dans le domaine qui nous intéresse, cette dimension "psy" reste bien présente. Certains ont besoin de changer leur intérieur pour mieux repartir dans la vie après une séparation ou un changement de situation professionnelle par exemple, ou bien la démarrer lors d'une première installation.
    Tony Lemâle, ancien responsable marketing chez Habitat, devenu l'un de ses précurseurs en France, revendique cette "écoute particulière" de la personne qui fait appel à lui. Auteur de Coaching d'intérieurs (1), il y prodigue conseils et astuces pour se sentir bien chez soi.
    Choisir une couleur de peinture, installer des meubles ou acquérir des objets design ne nécessitent pas de formation, cela relève de l'intuition. C'est d'ailleurs là où le bât blesse pour certains architectes d'intérieur : le coach comme le relookeur font "passer la mode" ou "viennent prendre le thé et installer un décor que l'on changera dans 5 ans". Avec un impact visuel immédiat. Mais s'il s'attaque aux murs, attention ! Il n'est pas formé pour cela.
    Allo déco, j'écoute ?

    - Allo déco, j'écoute ?

    Jeu de mots
    Quiconque peut s'autoproclamer architecte d'intérieur. Tout comme des architectes peuvent se déclarer coach déco. Au grand dam du consommateur, perdu à cause d'un simple jeu sur les mots. Et peut-être le perdant tout court au final… La recrudescence des sinistres chez les assureurs de ce secteur s'expliquerait, selon Thierry Conquet, par l'émergence d'individus non qualifiés, venus surfer sur le succès du coaching déco. C'est pourquoi ils espèrent une reconnaissance professionnelle de leur titre pour bientôt. En attendant, le C.F.A.I. édite un annuaire des architectes d'intérieur ayant reçu sa certification.
    Finalement, comme le résume l'architecte Philippe Demougeot , « il y a de la place pour tout le monde et le client n'est pas dupe. » Lui a voulu démontrer qu'il faut surtout réfléchir avant d'agir : « regardons ce que l'on a, regardons comment on peut l'optimiser pour se sentir bien chez soi. » Il propose des idées concrètes d'aménagement.
    Ainsi, le « coaching déco » ne se résume le plus souvent qu'à un terme « marketing » pour parler d'aménagement intérieur. Dans la profession, le mot « conseil » prédomine. Tout dépend ensuite de la prestation espérée. La plupart des prestations de conseils se traduisent par la remise d'un dossier au client avec les idées exposées, les couleurs préconisées, voire des dessins, ou encore un catalogue de mobilier ou objets adaptés. Ensuite, c'est au client de faire, ou non, les changements proposés.

    Bonnet blanc et Blanc bonnet

    S'il existe une vraie problématique nécessitant d'importants aménagements, mieux vaut faire appel à un architecte d'intérieur et lui demander conseil. S'il s'agit de penser son intérieur en termes de décoration ou seulement d'ambiance, un décorateur ou un coach déco pourra intervenir. Il suffit de vérifier à chaque fois les compétences du professionnel engagé. A moins d'être mal intentionnés, tous connaissent leurs limites et si besoin est, ils sauront s'entourer des corps de métier appropriés.
    Enfin si la surface est petite, autant se renseigner, prendre conseils et le faire soi-même. « Il y a des surfaces qui excluent l'architecture, explique Philippe Demougeot, ce serait comme appeler Jean-Paul Gautier pour un costume d'Halloween ». A bon entendeur…
    1. Coaching d'intérieurs, Éditions Eyrolles, 25 €.
    2. Auteur de SOS Maison, éditions Hoebeke, 26 €.
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