Une maison en construction à Saint-Yrieix-sur-Charente (16) se distingue des habitations environnantes. Par ses murs en ossature bois rouge, mais pas seulement : il s'agit d'un pavillon THPE (très haute performance énergétique) énergies renouvelables, avec une consommation de 54 kWh par mètre carré. La maison est notamment équipée de 120 m² de plancher-chauffant basse température en tube de cuivre revêtus à parois minces. On y trouve aussi une chaudière à condensation avec 4 m² de panneaux solaires thermiques, VMC double flux et puits canadien. La consommation de gaz à l'année devrait être de l'ordre de 300 euros. Pour Lilian Brandy, chauffagiste intervenant sur le chantier mais aussi maître d'œuvre, il est inconcevable de poser une chaudière qui ne présente pas ces performances. "La durée de vie d'une chaudière est d'environ 15 ans, il faut donc proposer quelque chose de performant, c'est notre métier, c'est pour cette expertise que le client fait appel à nous : sinon, il irait simplement acheter une chaudière en GSB (Grande surface de bricolage, NDLR) !"

Des clients bien renseignés

Si l'utilisation des énergies renouvelables et l'optimisation des systèmes de chauffage est de plus en plus demandée, ce n'est pas le fruit du hasard. "Les clients sont de plus en plus renseignés. Ils vont sur Internet, et ils savent tout !" Une évolution qui a des bons et des mauvais côtés, selon Lilian Brandy. "C'est très important qu'ils sachent se documenter, car ils ne peuvent jamais être sûrs de s'adresser à la bonne personne, c'est donc bien de connaitre un peu le sujet avant de s'adresser à un artisan. Mais le problème est que parfois, les clients trouvent tellement d'informations qu'ils finissent par faire des amalgames et tout mélanger ! C'est pourquoi il est aussi primordial de leur expliquer de vive voix les différents choix qui s'offrent à eux". Cependant, ces considérations ne sont pas apparues avec la naissance du Grenelle de l'environnement, qui a notamment entraîné une surmédiatisation de la cause environnementale et la création par la Capeb du label Eco-artisan*. Pour Lilian Brandy, les comportements des particuliers commanditaires de travaux ont commencé à évoluer "depuis le dernier choc pétrolier", lorsque le prix des énergies a explosé.

Penser le système de chauffage intelligemment

Le premier conseil de cet installateur, qui est par ailleurs porte-parole des 40 Eco-artisans de Charente et responsable de la section professionnelle Capeb en couverture-plomberie-chauffage dans ce même département, est de privilégier l'isolation. Dans le cas de la maison de Saint-Yrieix-sur-Charente, c'est un isolant en laine de bois qui a été choisi. Dénonçant les spécialistes auto-proclamés des énergies renouvelables cherchant "à vendre du crédit d'impôt mais pas forcément à renforcer le confort des habitants", Lilian Brandy le répète à ses clients : "cela ne sert à rien de changer le système de chauffage si l'on chauffe les fenêtres ouvertes !" Pour en savoir plus sur le label éco-artisan sur Maison à part.