"Il n'est plus temps d'expérimenter. [...] Il y a urgence à généraliser les pratiques du développement durable. A Cesson, nous refusons de ne rien faire sous prétexte que nous ne serions pas concernés par les conséquences", indiquait Marc Brûlé, maire de cette ville de 8.200 habitants située en Seine-et-Marne, lors de la pose de la première planche de la nouvelle Maison de la petite enfance, fin octobre. La ville moyenne, qui se veut "pionnière du développement durable", a mis en place, depuis plus d'un an, une série d'outils allant dans ce sens, de la cantine bio à 40% aux véhicules propres pour les agents de la commune, en passant par le changement de l'éclairage public d'ici à huit ans. Côté urbanisme, cette volonté s'est traduite par plusieurs projets. La maison de la petite enfance, dont Cesson veut en faire "l'une des premières crèches collectives BBC de France", selon Bruno Chaix, maire-adjoint en charge du développement durable et des travaux, est l'un des programmes emblématiques de la ville. Avec le cabinet SL Architectes, Cesson a fait le choix d'un bâtiment le plus fonctionnel possible, mais aussi expérimental puisqu'il sera doté de panneaux solaires, chauffage par biomasse, toit végétalisé, verrière intégrant des cellules photovoltaïques, et même des éoliennes sur le terrain. Au total, le bâtiment coutera 10% plus cher qu'une crèche "classique", mais le gain en énergie devrait amortir cette dépense supplémentaire d'ici treize ans.

Un peu plus de logements sociaux

D'autres bâtiments seront également rénovés, d'ailleurs la ville a entamé, dans le cadre de son plan climat territorial, un bilan énergétique de tous les bâtiments municipaux. Les habitants ne sont pas oubliés, puisque deux projets immobiliers doivent voir le jour sur la même zone que la maison de la petite enfance. Cette zone d'aménagement concertée (Zac) représente un quart de la superficie de la ville. "Il s'agit à travers ce programme de densifier intelligemment la ville, en améliorant l'habitat", indique Bruno Chaix. Un projet de Nexity, "Domaine écologique à Cesson", prévoit des logements verts et accessibles aux foyers à revenus modestes, et éligible au Pass-foncier. Les maisons seront construites en briques de monomur, et comporteront des chaudières à condensation, des radiateurs basse température, une eau chaude sanitaire solaire ou encore une optimisation de l'éclairage naturel. Quant à l'opération 3F dans le quartier de Montbréau, elle vise à augmenter le nombre de logements social de la ville qui n'en possède que 3%, encore loin des 20% requis par la loi SRU. Les 49 logements répondront aux critères du label Bâtiment basse consommation (BBC) et seront à proximité d'une zone artisanale, qui viendra s'installer à terme dans la Zac.

Ville nouvelle

Cette série de programmes est facilitée par la qualité de ville nouvelle de Cesson, qui est donc encore amenée à s'étendre. "Mais en tant que ville nouvelle, une partie des compétences sont gérées par le Syndicat des agglomérations nouvelles (SAN), tel que le dossier de l'assainissement, ce qui peut aussi être un facteur de ralentissement des prises de décision", explique Bruno Chaix "Ce qui est important, c'est que, pour chaque projet, les habitants de Cesson sont vraiment impliqués. Il y a une demande très forte de leur part de donner leur avis sur les projets menés dans les différents quartiers, ou en ce qui concerne la voirie", analyse Bruno Chaix. "Cela modifie un peu la manière de travailler des équipes municipales, mais au final c'est bénéfique pour tout le monde". Récemment, une personne chargée du développement durable a été recrutée au sein de la mairie. Elle intervient naturellement sur les projets de la ville, mais aussi auprès de la population, pour répondre aux questions et donner des conseils. "Nous nous sommes aperçus qu'il y avait un véritable besoin de ce côté, notamment parce que les habitants ont été plusieurs fois sollicités par des industriels", indique Bruno Chaix. "Les conseils du chargé de développement durable sont au contraire gratuits et désintéressés".