Si la chanson de Serge Gainsbourg faisait l'inventaire, dans les années 60, des petits papiers, qu'il soit buvard, de riz ou d'Arménie, le Japon avait, lui, succombé, il y a bien longtemps à cette matière la distillant dans ses cloisons mobiles, ses luminaires ou encore ses lés pour la calligraphie. Aujourd'hui, cette matière fascine toujours autant par sa texture, sa souplesse... et plus paradoxalement par sa solidité. Autant de critères qui attirent créateurs, artistes et designers à se tourner vers ce matériau aux multiples possibilités. En 2013, la Cité de l'architecture a monté une exposition sur ce thème afin de dévoiler la richesse du support. Au programme : maquettes, dessins, villes en 3D etc. Une variété d'usage que l'architecture papier a su mettre à profit pour aller encore plus loin puisque celle-ci est passée, depuis quelques temps, en mode industriel. Plafonds, murs, luminaires, mais aussi mobilier... elle s'est inscrite dans notre quotidien. Parfois, sans même s'en apercevoir, elle nous entoure, nous protège, nous étonne. Les salons, les expositions, les centres commerciaux, les événements (défilés, soirées...) l'utilisent pour habiller les espaces.

Une grande diversité

Certaines entreprises se sont spécialisées dans le domaine, comme Procédés Chénel, société familiale qui œuvre dans le secteur depuis des dizaines d'années : "Mon père, qui était architecte, a toujours misé sur l'innovation. Il a imaginé des planchers techniques en papier et beaucoup d'autres produits. Aujourd'hui, il continue d'inventer des solutions afin de répondre aux contraintes de cette matière. Un processus qui fait partie de notre ADN, puisque nous comptabilisations au total une cinquantaine de brevets", nous confie Sophie Chénel, general manager. Strong drop, toile réalisée à partir d'alaise de lits d'hôpitaux, Win drop, papier réalisé par voie sèche... participent, entre autres, à la diversité de mises en œuvre d'architectes, prospects et designers. Une variété que nous présente Sophie Chénel dans son showroom situé à Vanves (Hauts-de-Seine) :

Temporaire, éphémère ou pérenne, l'architecture papier permet donc de développer une myriade d'idées : tables, origamis et aménagements. "Même si notre principale activité réside dans les expositions et l'architecture commerciale, il est toujours agréable de travailler main dans la main avec des designers pour des petites pièces ou des éléments uniques et singuliers", note Sophie Chénel. Quid du futur ? Son entreprise d'une vingtaine de salariés compte bien poursuivre l'exploitation du papier, véritable mine de créativité. Prochain défi : ne pas laisser une seule chute de papier sur le carreau. "Notre idée est de céder nos poubelles aux artistes et designers afin qu'ils laissent libre court à leur imagination", glisse Sophie Chénel. Avec une telle démarche, cette matière a définitivement toute les chances de se retrouver dans les petits papiers des créateurs ! Découvrez en pages suivantes différentes applications de l'architecture papier