Noire, passive, en ossature bois et à énergie positive... La maison de l'architecte Pascal Gontier interpelle d'emblée le visiteur averti. Pourtant, sa principale singularité se niche à l'abri des regards, dans le prototype qui lui assure une ventilation naturelle. Visite.
"Il y a du Pierre Soulages dans cette maison", admet Pascal Gontier. Amoureux de l'œuvre du
peintre, cet architecte s'est rapidement orienté vers la couleur noire pour le bardage en bois de son cocon familial de 280 m², situé à Issy-les-Moulineaux (Haut-de-Seine). Ecologique, l'habitation se caractérise par "ses matériaux de qualité, choisis en fonction de leur bilan carbone, son enveloppe thermique performante, ses panneaux photovoltaïques ou encore son système de récupération des eaux de pluie", explique l'architecte. Mais c'est au cœur de ce logement surnommé "Gaïta", du nom d'un instrument à vent, que se trouve son élément d'architecture passive le plus étonnant : une ventilation hybride particulièrement économe.
Le système de ventilation débute dans ses fondations. Située en zone inondable, cette construction nécessitait une base spécifique. Pascal Gontier a opté pour neuf pieux de vingt mètres de profondeur en polyéthylène.
"Noyés dans le béton, ils stabilisent l'habitation et sont également le support d'une installation géothermique : huit d'entre eux sont reliés à une pompe à chaleur qui intervient tant pour le chauffage, que pour l'eau chaude sanitaire, quant au neuvième, il fonctionne à la manière d'un puits canadien. Grâce à un système d'échangeur eau-air, il préchauffe l'air de la maison en hiver et le rafraîchit en été", précise l'architecte.
Branché sur ce dernier pieu, l'air est véhiculé par un large conduit qui débouche sur un caisson de 10 m³, suspendu au dessus de l'entrée de l'habitation. Il est ensuite réparti dans les différentes pièces avant d'aboutir "par effet cheminée" sur le toit. Ce système demande de la place car il implique des conduits six fois plus larges qu'une ventilation mécanique contrôlée. Mais il possède un atout indéniable : il fonctionne sans avoir recours à l'électricité.
"L'habituel système mécanique est proscrit au profit d'une architecture permettant d'assurer une ventilation naturelle. Un système à l'opposé des 'bâtiments aquarium' qui assure une économie non négligeable sur la facture énergétique", souligne l'architecte. Un véritable manifeste sur ce que devrait être, selon Pascal Gontier, la ventilation dans les bâtiments passifs de demain !
Découvrez la maison Gaïta en cliquant sur suivant.
La façade - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
maison en bois noire © L C-M
Avant tout urbaine, la maison est en alignement avec la rue. Attentive à ses voisins, elle est partiellement en retrait grâce à l'implantation du bâti en
"L". Sobre, la façade ne laisse entrevoir aucun équipement écologique si ce n'est son bardage en bois, depuis la rue.
La façade - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
La couleur noire
La couleur noire - maison en bois noire © L C-M
La maison est revêtue d'un bardage en bois non raboté peint en noir. Cette couleur a été choisie pour ses qualités de réflexion de la lumière et ses contrastes, comme en témoigne la peinture de Pierre Soulages.
La couleur noire
Matériaux utilisés - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
maison en bois noire avec bambou © L C-M
Les matériaux utilisés ont été choisis en fonction de leur bilan écologique. La structure est en ossature bois à partir du rez-de-chaussée, le bardage et les fenêtres sont en bois, et l'isolation est généralement en cellulose et en laine de bois.
Matériaux utilisés - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
43 m² de panneaux photovoltaïques
43 m² de panneaux photovoltaïques - maison écologique d'architecte © L C-M
Comme le toit, la façade sud est solaire. Elle met à contribution des murs capteurs d'énergie qui sont composés d'une couche de verre prismatique et d'un élément absorbant en bois en forme de peigne.
43 m² de panneaux photovoltaïques
Fenêtres - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
fenêtre photovoltaïque © L C-M
Les fenêtres sont, elles aussi, à proprement dites des éléments solaires passifs, car elles transmettent la lumière et la chaleur des rayons vers l'intérieur.
Fenêtres - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Volet - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Les fenêtres sont posées de façon à ce que les éléments dormants soient entièrement recouverts par l'isolation et par la façade. Cette mise en œuvre permet de diminuer les déperditions thermiques et d'optimiser l'éclairage naturel.
Volet - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Aération - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Des impostes vitrées ont été ajoutées de chaque côté des fenêtres. Elles garantissent des risques d'intrusion tout en offrant une ventilation naturelle.
Aération - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Entrée - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
L'entrée de la maison est coupée de la rue par un petit jardin d'hiver, situé au nord. A droite, une descente vers le sous-sol a été prévue pour la voiture.
Entrée - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Jardin d'hiver
Le jardin d'hiver est coupé de la rue par un mur végétal en bambou de trois mètres de haut sur lequel viendront bientôt courir toutes sortes de végétaux.
Jardin d'hiver
Jardin d'hiver
Jardin d'hiver - maison bois cour © L C-M
Le futur bureau de l'architecte Pascal Gontier est situé au dernier étage de l'habitation. Le jardin d'hiver augmente la profondeur de la vue sur la rue.
Jardin d'hiver
Bioclimatique ? - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
L'habitation n'est pas tout à fait bioclimatique puisqu'une baie vitrée à triple vitrage a été installée dans cette cuisine pour avoir une vue sur la rue. Pour l'architecte :
"La question ici n'est pas de réaliser le bâtiment le plus écologique possible mais de montrer que la question environnementale est plus une source de plaisir et de création, que de restriction pour l'architecte et l'habitant".
Bioclimatique ? - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Planchers - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Les planchers des étages sont soit en bois massif composés de panneaux multiplis de 15 cm, soit en caissons de 16 cm rainurés permettant de traiter l'acoustique. Remplis de graviers, ces derniers apportent de l'inertie à la maison.
Planchers - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Du sous-sol
Située en zone inondable, cette construction nécessitait une base spécifique. Pascal Gontier a opté pour neuf pieux de vingt mètres de profondeur en polyéthylène. Les prises électriques du sous-sol sont en hauteur et la surface habitable que constitue le rez-de-chaussée débute à deux mètres de hauteur.
Du sous-sol
Pieux énergétiques - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Pascal Gontier a opté pour neuf pieux énergétiques de vingt mètres de profondeur en polyéthylène.
"Noyés dans le béton, ils stabilisent l'habitation et sont également le support d'une installation géothermique".
Pieux énergétiques - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
Effet cheminée - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique
La ventilation naturelle renvoie l'air dans les différentes pièces avant d'aboutir
"par effet cheminée" sur le conduit situé sur le toit.
Effet cheminée - La respiration naturelle d'une maison de ville écologique