Le WWF France a fait analyser les eaux de consommation, aussi bien celle du robinet que celle en bouteille. L'étude révèle des traces de divers polluants potentiellement dangereux dans toutes les eaux étudiées. Même si les autorités se veulent rassurantes, le débat sur la qualité de l'eau est relancé.
Qu'y a-t-il vraiment dans l'eau que nous buvons ? C'est la question que s'est posée la section française du World Wildlife Fund (WWF), une organisation non gouvernementale d'envergure mondiale. En se penchant sur les différentes eaux de consommation de France, le Conseil scientifique de l'ONG a découvert la présence de résidus de produits chimiques.
Le débat a souvent fait rage concernant la qualité de l'eau du robinet, qui serait moins bonne que celle de l'eau en bouteille.
Un reportage intitulé Du poison dans l'eau avait remis de l'huile sur le feu en mai 2010. Mais aujourd'hui, ce sont toutes les eaux de consommation qui sont pointées du doigt par le WWF, y compris les eaux minérales naturelles et les eaux de source.
Les prélèvements de l'eau du robinet ont été réalisés dans plusieurs villes de France, à partir d'août 2009. Les analyses ont été effectuées par un laboratoire de référence agréé par le Ministère de la santé. L'étude révèle la présence d'une vingtaine de molécules, comme les nitrates (91% des villes testées), des résidus de produits de désinfection, des pesticides - y compris de certains interdits depuis plusieurs années, de l'aluminium (54%) ainsi que d'autres substances appelées micro-polluants.
Plus inquiétant : les eaux embouteillées, qu'elles soient minérales ou de source, contiennent également plusieurs de ces molécules, notamment du plomb. Pourtant, la réglementation est beaucoup plus stricte pour les eaux en bouteille que pour l'eau du robinet. Traitée ou non, l'eau est donc polluée par les produits utilisés par l'homme.
"Le vrai problème est la dégradation sans fin de la qualité des eaux brutes" déclare Serge Orru, le directeur général du WWF France.
Dans son ensemble, l'étude révèle que les eaux respectent globalement les normes en vigueur. Mais l'inquiétude provient de ce que l'on appelle l'effet cocktail. Des substances, inoffensives à faible dose, peuvent avoir des effets toxiques lorsqu'elles sont associées dans l'organisme. La complexité des interactions est telle, qu'il est, à l'heure actuelle, difficile de déterminer quelles molécules ont un effet cocktail.
Faut-il alors redéfinir les normes de potabilité, pour prendre en compte l'effet cocktail, et les polluants émergents qui ne sont pas encore surveillés dans l'eau ?
"Ces normes définissent des seuils pour lesquels les risques sont considérés comme négligeables pour un contaminant donné : elles sont donc susceptibles d'évoluer selon les avancées de la science" avance le WWF. L'ONG défend la mise en place d'une surveillance de la qualité des eaux brutes, mais aussi un meilleur accès à l'information sur le sujet.