Serge Bensimon démarre sa carrière dans les années 70 en customisant, aidé de son frère Yves, des vêtements militaires pour en faire des articles de mode. Toutes les femmes sont séduites par le concept, même les parisiennes les plus huppées. D'ailleurs, plus de vingt ans après, Serge Bensimon s'en amuse encore. "Dans la rue, raconte-t-il un large sourire aux lèvres et de la malice plein les yeux, on pouvait voir des pantalons et les shorts de l'armée britannico-indienne portés avec des pulls en cashmere de chez Hermès". Mais très vite, il redevient sérieux : "J'ai tout de suite été séduit par leur côté intemporel, authentique et fonctionnel". Porté par le succès de son travail de customisation, il se met à imaginer des lignes complètes de vêtements et d'accessoires pour hommes et femmes. Leur style décontracté mais chic plaît, résultat : la marque fait rapidement des adeptes partout dans le monde. Avec le lancement dans les années 80 de la fameuse tennis, inspirée des chaussures de gym de l'armée, leur nombre va d'ailleurs considérablement s'accroître. En quête perpétuelle d'inspiration, Serge Bensimon multiplie les voyages, notamment aux Etats-Unis où il va découvrir un style de magasins inédits en France : les "concept store". On y vend à la fois des articles de mode et de décoration. Pour Serge Bensimon, c'est la révélation : il décide d'importer le concept en France et inaugure une boutique à Paris. Baptisé Home Autour du monde, elle est conçue exactement sur le même modèle que les enseignes américaines. A l'intérieur, les vêtements et les accessoires de mode côtoient les meubles et les objets de décoration. L'offre rassemble les créations de Serge Bensimon - par exemple ses boîtes de rangements souples, les "Houses Case" - et des pièces minutieusement sélectionnées par lui. "Si cela n'a rien d'étonnant aujourd'hui, à l'époque, c'était du jamais vu", se rappelle-t-il. "Derrière ce concept, poursuit-il, il y a l'idée que la mode ne s'arrête pas aux frontières du textile".

Des meubles à histoires

A partir de 1989, Serge Bensimon endosse ainsi la casquette de designer/décorateur. "J'aime passionnément la mode mais j'ai toujours su que je ne m'y cantonnerais pas. Du coup, la transition entre l'univers de la mode et de la décoration s'est faite très naturellement", confie-t-il. Pour concevoir ses objets et réaliser ses sélections, l'homme garde les mêmes principes que dans la mode : il privilégie la fonctionnalité et l'authenticité, avec notamment des lignes épurées et des matériaux bruts issus du recyclage. Mais, surtout, il fonctionne à l'instinct : il faut qu'il soit séduit tant par les pièces que par la personnalité de leurs créateurs. Ses premières trouvailles proviennent des campagnes suédoises et américaines. Parmi elles : les meubles fabriqués par les membres de la communauté "Amish" à partir du recyclage du bois de leur ferme. "Au-delà de leur look qui était très différent de ce qu'on avait l'habitude de voir en France, ce qui m'a plu, c'est que ces meubles racontent une histoire", commente-t-il. Véritable dénicheur de talents, Serge Bensimon contribue à faire connaître de nombreux jeunes designers et surtout, à faire découvrir ou redécouvrir certains savoir-faire oubliés. Pour découvrir la suite de l'article, rendez-vous en page suivante.

L'aventure Home Autour du Monde se poursuit avec l'ouverture de nouvelles boutiques à Bruxelles, puis à Lyon et à Toulouse. Outre la diversité de l'offre, les clients sont séduits par l'atmosphère particulière des lieux. Comme l'ambiance y est décontractée, ils s'y sentent à l'aise. Encore une fois, le succès est au rendez-vous mais Serge Bensimon ne veut pas s'en contenter. Il a plein d'autres projets en tête et il va finir par les concrétiser les uns après les autres. Il devient successivement créateur de parfum puis éditeur de disques de musique. Il fait même une incursion dans l'univers des livres avec l'acquisition, en 2009, de la célèbre librairie Artazart, adresse bien connue des graphistes, des architectes et des designers. Parallèlement, il trouve également le temps de créer des collections de linge de maison et d'accessoires pour des grandes marques telles que Monoprix ou les 3 Suisses et d'organiser des expositions. "J'aime surprendre et être là où l'on ne m'attend pas", explique-t-il en toute simplicité. Plus de trente ans après le début de sa carrière, il le fait d'ailleurs encore. En novembre 2009, il inaugure à Paris... une galerie d'art ! Un lieu dans lequel il fait partager ses coups de cœur artistiques : des pièces uniques trop précieuses pour être exposées dans les boutiques Home. "L'endroit n'a pas été ouvert dans une visée commerciale mais dans un esprit de partage et de découverte", précise-t-il. "On y vient pour rêver, s'évader, s'émerveiller". L'interview s'achève... Serge Bensimon esquisse un sourire lorsqu'on l'interroge sur ses futurs projets... Bien sûr, il en a d'autres en préparation, mais il tient à les garder secrets ! Retrouvez la carrière de Serge Bensimon en images aux pages suivantes.

Serge Bensimon est né à Oran en 1953. Il va rester en Algérie jusqu'à l'âge de huit ans. De ces années, il garde surtout le souvenir d'une grande convivialité. "Tous les hommes étaient vos pères et toutes les femmes, vos mères", confie-t-il. Ici, une photo de Serge Bensimon et de son petit frère Yves, lors d'un carnaval à Nice.

Serge Bensimon a baigné depuis son plus jeune âge dans l'univers du textile puisque son père et, avant lui, son grand-père travaillaient dans l'importation de fripes américaines et de surplus militaire. Sur la photo : l'oncle de Serge Emile (assis), à droite son père, Simon Bensimon, Michèle, sa soeur, et à gauche debout son oncle Marcel.

Dans les années 70, Serge Bensimon a l'idée de customiser des vêtements militaires pour en faire des articles de mode. Epaulé de son frère, il leur offre une seconde vie. Ensemble, ils se les approprient en les teignant, en les coupant ou en les enrichissant.

Serge Bensimon et son frère Yves tombent un jour par hasard sur un stock de chaussures de gym de l'armée. Ils ont l'idée de les teindre pour lui donner une allure. Plus tard, ils retravaillent ensemble le modèle et donnent naissance à la célèbre Tennis Bensimon, un basique devenu l'un des incontournables de la marque.

1989 : Serge Bensimon fonde à Paris le premier concept-store de France. Directement inspirée des magasins américains, l'enseigne fait se côtoyer des collections de vêtements et de meubles : du jamais vu ! Baptisée "Home Autour du Monde", la boutique est située rue des Francs Bourgeois.

Serge Bensimon y présente ses propres créations - les fameuses boîtes de rangement "Houses Case", par exemple - et des pièces minutieusement sélectionnées par lui. Au programme : lignes épurées, matériaux bruts issus du recyclage...

Il fait découvrir en France le savoir-faire de la communauté "Amish". Ses membres fabriquent des meubles à partir du bois de leur ferme, un travail de récupération et de valorisation qui fascine Serge Bensimon.

Créateur de parfum, éditeur de disques de musique... Serge Bensimon multiplie les casquettes. Il trouve même le temps de collaborer avec de grandes enseignes. Ici, le fruit de sa récente collaboration avec les 3 Suisses.

Début 2009 : Serge Bensimon fait l'acquisition de la célèbre librairie Artazart, adresse mythique dans le milieu du graphisme, de l'architecture et du design. En quelques mois, il parvient à redonner vie à l'endroit notamment en y organisant régulièrement des expositions.

Novembre 2009 : Serge Bensimon inaugure sa propre galerie d'art à Paris. Un endroit où il présente ses différents coups de coeur artistiques. Retrouvez l'article que nous avions consacré à son ouverture, en suivant ce lien.

Parmi les pièces exposées à la "Gallery" : celles de Jérémy Wintrebert. Le designer souffle le verre pour en faire des sculptures aux formes organiques...

Autre coup de coeur de Serge Bensimon : les lampes Muffin en verre soufflé avec des bases en bois de chêne. Des créations signées des designers parisiens Dan Yeffet et Lucie Koldova.

A découvrir également : les tables imaginées par José Levy, une édition spéciale de la Gallery S. Bensimon.