Et une récompense de plus pour Philippe Starck ! Après avoir reçu le Grand Prix du Design Industriel, l'Oscar du Design, le Compasso d'Oro et avoir, entre autres, été fait chevalier des Arts et des Lettres, le designer vient d'être élu créateur de l'année 2010. Une distinction décernée par le salon Maison & Objet en l'hommage de sa carrière. Et quelle carrière ! Depuis plus de trente ans, Philippe Starck ne s'est jamais arrêté de créer. Ses objets sont pour la plupart devenus cultes aujourd'hui : le fauteuil Costes avec son piétement tripode, le presse-agrumes Juicy Salif à la silhouette arachnoïdienne, le Tabouret Bubu en forme de couronne ou bien encore la lampe de chevet Miss Sissi, entièrement moulée en polycarbonate. Des objets certes connus, mais qui n'illustrent pas toute l'étendue de sa production. Dans le milieu du design, rares sont en effet les designers à être autant touche à tout que lui. Non seulement on lui doit des couteaux, une bouteille d'eau minérale, une collection de linge pour la maison mais également des téléviseurs, des baignoires ainsi que des bagages. A cette liste déjà longue viennent se rajouter des objets plus insolites, comme des brosses à dents, des lunettes, des scooters, une pièce de monnaie et même des pâtes pour la célèbre marque Panzani ! Sans oublier qu'en plus de concevoir des objets, le designer s'attache également à dessiner des lieux : des restaurants, des boîtes de nuit, des cafés mais également des hôtels. Les adresses les plus prestigieuses du monde portent d'ailleurs sa signature : le Royalton à New-York, le Clift à San Franscico, le Faena à Buenos Aires, le palais Baccarat à Paris, etc...

Des objets bons plutôt que beaux

 Si le designer est aussi hétéroclite, c'est qu'il est animé depuis toujours par la volonté d'utiliser le design pour mieux répondre à nos besoins quotidiens, l'idée sous-jacente étant de concevoir des objets "bons", avant d'être beaux. "Donner le meilleur au maximum de gens", telle est d'ailleurs l'une de ses devises préférées. "Chaque action, chaque projet doit correspondre profondément à son temps sinon, il est inutile", aime-t-il d'ailleurs souvent répéter. Vouloir démocratiser le design, tout un défi dans les années 80, époque à laquelle le design était encore réservé à une élite ! Mais Philippe Starck y est parvenu avec succès. Pour ce faire, il délaissera les matériaux nobles pour s'intéresser au plastique ou à l'aluminium. D'abord sceptiques, les éditeurs - les grandes enseignes italiennes, notamment - ne vont pas tarder à se bousculer, - voire même se battre ! - pour travailler avec lui. Tour à tour, il collaborera avec Alessi, Flos, Kartell, Driade, Baleri, Fiam... A chaque fois, l'esthétique des objets surprend et interpelle par sa spontanéité. Du coup, Starck est tantôt qualifié de "visionnaire", de "fou génial" ou encore de "révolutionnaire". Un côté rebelle qu'il revendique : il n'y a d'ailleurs qu'à voir son look pour s'en convaincre. Il n'est, en effet, pas rare de le voir mal rasé, les cheveux en bataille, vêtu d'un simple t-shirt et d'un jean, blouson de motard sur l'épaule.

L'écologie, une priorité

Alors qu'il est mondialement connu et surmédiatisé, Philippe Starck parvient toujours à chacune de ses apparitions à dégager l'image d'un homme simple et sympathique. Une simplicité qui s'explique probablement par le fait que rien ne le prédestinait à devenir designer et, surtout, à rencontrer un tel succès. Lorsqu'il était jeune, il se rêvait astrophysicien, un métier sans doute inspiré par celui qu'exerçait son père, concepteur d'avion de profession. Le milieu du design, c'est sa mère, Jacqueline, qui va l'y introduire en le poussant à s'inscrire à des cours à l'Ecole Nissim de Camondo à Paris. Très vite, Starck se prend au jeu, il ouvre son atelier et crée sa propre société, Starck Products.  Un début de carrière sur les chapeaux de roues donc, et dont le rythme ne s'est jamais ralenti jusqu'à aujourd'hui. Starck produit toujours autant qu'avant, mais semble toutefois s'être fixé de nouvelles priorités. L'écologie prend ainsi une place de plus en plus prépondérante dans son travail et il travaille d'ailleurs sur des projets ambitieux comme, par exemple, le développement de voitures hydrogènes ou de structures touristiques à impact zéro sur leur environnement. L'année 2009 a été riche en événements avec le lancement de la chaise Mi-Ming, d'une ligne de mobilier Out-Door pour Driade, de la lampe K-Ray pour Flos sans oublier, bien sûr, de la fameuse mini-éolienne conçue pour Windeo. A son actif également : la salle d'attente du service endoscopie de l'Hôpital européen Georges-Pompidou, un aménagement réalisé pour remercier le médecin responsable de l'unité de lui avoir sauvé la vie. L'année 2010 le sera probablement tout autant. Depuis le 1er janvier, il a déjà présenté une collection de douches et s'apprête à dévoiler en mai le nouveau décor du Royal Monceau à Paris... Résultat : à 61 ans, il occupe toujours le devant de la scène. Pour découvrir quelques-uns des récents aménagements ainsi qu'une sélection de créations de Philippe Starck, cliquez sur suivant.