Lauréat du prix de la Fondation Bettencourt Schueller, aux côtés de l'ébéniste Emmanuel Joussot et du doreur Frédéric Richard, Eric Benqué nous a ouvert les portes de son atelier. L'on y découvre son amour pour les matériaux simples, les techniques écologiques et... les maquettes.
Il faut se glisser dans un immeuble ancien d'une petite rue parisienne pour découvrir l'antre d'Eric Benqué, cachée aux derniers étages, avec une vue imprenable sur les toits de la capitale.
Récompensé cette année par le prix Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main, pour sa réalisation Sellettes, conçue avec l'ébéniste Emmanuel Joussot et le doreur Frédéric Richard, le designer nous a ouvert les portes de son atelier.
Du bois, de la colle, du tissu, du rotin, du liège, le tout rangé comme dans l'établi d'un bricoleur. A l'étage, de nombreux outils pour travailler le bois, et quelques machines imposantes s'alignent le long des murs, autour du bureau du designer. L'on remarque à peine les ordinateurs, pourtant incontournables chez les concepteurs actuels.
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Les maquettes, une étape "indispensable"
Les maquettes, une étape "indispensable" - Atelier Eric Benqué © RNB / MAP
Et pour cause. Si les modélisations en trois dimensions font partie du quotidien d'Eric Benqué, elles ne sont pas, selon lui, l'étape essentielle de la conception d'un objet.
"Je commence toujours par dessiner" explique-t-il, pointant du doigt une bibliothèque remplie de carnets griffonnés.
Le designer consacre ensuite beaucoup de temps à réaliser des maquettes, d'abord à l'échelle 1/10ème, puis grandeur nature.
"C'est une étape indispensable ! La question de l'assemblage m'importe beaucoup" ajoute-t-il. Au fond de la pièce, s'empilent des boîtes où sont consciencieusement rangées les modèles réduits des réalisations passées - et à venir.
Les maquettes, une étape "indispensable"
Déjouer les contraintes techniques
Déjouer les contraintes techniques - Atelier Eric Benqué © RNB / MAP
"J'ai l'impression, parfois, que le monde nous échappe, et j'aime comprendre comment les choses sont faites" continue Eric Benqué. C'est peut-être là l'une des raisons de l'amour du designer pour le bois,
"le matériau qui me semble le plus familier", les techniques simples et les produits respectueux de l'environnement. Comme, par exemple, la colle de poisson, écologique mais qui nécessite deux jours de séchage !
Déjouer les contraintes techniques
Travailler ensemble, une évidence
Travailler ensemble, une évidence - Atelier Eric Benqué © RNB / MAP
Pour réaliser Sellettes, deux meubles qui s'associent pour créer de nouvelles structures, Eric Benqué n'a pas hésité une seconde.
"Faire appel à Emmanuel Joussot et Frédéric Richard était une évidence, parce que nous avions déjà travaillé ensemble, nous explique-t-il.
Je ne serais pas allé sonner à la porte d'artisans que je ne connaissais pas en leur proposant ce concept expérimental !".
"Et même un peu fou !" ajoute Frédéric Richard en riant.
La réalisation, mêlant des plaques de liège arrondies et des panneaux de bois fin dorés, se veut en effet indolore pour l'environnement.
"On devait pouvoir enterrer le meuble sans qu'il n'embête les lombrics" plaisante Eric Benqué. Un défi relevé non sans difficultés par Frédéric Richard, qui a dû choisir d'appliquer sur la dorure un vernis à base de sécrétion de chenille...
"Des contraintes techniques énormes que nous avons contournées en expérimentant" précise-t-il.
Travailler ensemble, une évidence
Lauréat du prix Bettencourt pour l'intelligence de la main, catégorie Dialogues
Lauréat du prix Bettencourt pour l'intelligence de la main, catégorie Dialogues - Atelier Eric Benqué © RNB / MAP
L'ébéniste Emmanuel Joussot, pour sa part, a travaillé ici le liège pour la première fois. Le matériau a été choisi par Eric Benqué, chez un artisan qui le produit sans polyuréthane.
"Me déplacer pour discuter avec lui m'a permis d'apprendre beaucoup, nous explique-t-il.
Tout comme l'échange constant avec Emmanuel et Frédéric, deux artisans pointus en qui j'ai toute confiance". Pas étonnant que le trio ait décroché
le prix de la Fondation Bettencourt Schueller dans la catégorie "Dialogues".
De gauche à droite : Eric Benqué, designer, Frédéric Richard, doreur, et Emmanuel Joussot, ébéniste, au dernier étage de l'atelier d'Eric Benqué.
Lauréat du prix Bettencourt pour l'intelligence de la main, catégorie Dialogues