Des placards trop profonds et trop hauts, des rangements insuffisants, pas de plan de travail... Nicole et Stéphane n'avaient pas une, mais plusieurs bonnes raisons de faire rénover leur cuisine ! Située dans un immeuble marseillais du 19e siècle, la pièce n'avait en effet jamais fait l'objet de travaux et, de ce fait, ne répondait plus du tout à leurs besoins. En avril 2008, après de nombreuses visites infructueuses chez des cuisinistes, le couple décide de faire appel à Philippe Gane, un architecte d'intérieur CFAI. Il se rappelle : "la demande des clients était paradoxale : tout changer sans changer l'ambiance, très appréciée au sein de la famille". Une mission difficile que l'architecte, rodé à l'exercice de la rénovation, a accepté d'accomplir : "Malgré ses dimensions réduites - 12m2 -, la pièce ne manquait pas de charme, confie-t-il. Elle avait l'avantage de présenter une belle hauteur sous plafond et de bénéficier, grâce à une orientation plein ouest, d'un bel ensoleillement". Selon lui, les points négatifs même nombreux (absence de plan de travail, rangements insuffisants et peu accessibles...) pouvaient être facilement corrigés. Sur les traces de Charlotte Perriand  Etant données les contraintes techniques liées à ce type de pièce (raccordement gaz, électricité, eau...), Philippe Gane a finalement fait le choix de conserver l'implantation existante : la zone de cuisson et de lavage d'un côté et, sur le mur opposé, la zone de stockage (frigidaire et rangements). "Cette disposition permettait déjà de procéder à un maximum de tâches en un minimum de déplacements, en changer aurait été couteux et surtout n'aurait rien apporté à ses utilisateurs" commente-t-il. Une fois la question de la disposition réglée, l'architecte s'est attelé à la création de nouveaux rangements. Sur les trois propositions qui leur avait été faites, Nicole et Stéphane, les propriétaires, ont finalement retenu celle consistant à encadrer le plan de travail de meubles de rangement en bois pour créer un grand ensemble aux lignes contemporaines. L'un des placards qui le compose abrite d'ailleurs la chaudière dont l'emplacement a été conservé. Les étagères se trouvant de l'autre côté ont été remplacées par une bibliothèque avec des portes coulissantes. "Elle est comme un clin d'œil au mobilier conçu en 1949 par Le Corbusier et Charlotte Perriand pour la cuisine de la Cité radieuse de Marseille", précise Philippe Gane. Pour compléter le tout, une table aux lignes arrondies de la même couleur que la bibliothèque et une grande armoire coulissante équipée de paniers chromés destinée à accueillir l'épicerie ont été installées de part et d'autre du frigidaire. Sublimée par le Corian  Autrefois inexistant, un plan de travail s'étire maintenant depuis la fenêtre jusqu'aux meubles de rangement. Celui-ci présente la particularité d'avoir été fabriqué en Corian, un matériau constitué de minéraux naturels et d'une résine acrylique haute performance. "Il rassemble toutes les qualités requises pour que la plan de travail ne s'altère pas avec le temps : robustesse, durabilité, résistance aux rayures et aux tâches, bon comportement au feu ", argumente Philippe Gane. L'autre particularité de ce travail est d'avoir été réalisé dans une seule pièce. Du coup, visuellement, aucune jointure n'est visible. "L'entreprise chargée de le fabriquer a réalisé le gabarit sur place à l'aide d'un crayon électronique de précision" explique Philippe Gane. Parallèlement à ces aménagements qui ont nécessité d'importants travaux, l'architecte s'est focalisé sur des détails. L'éclairage a ainsi fait l'objet d'un traitement particulier, chaque zone étant équipée de sa propre source lumineuse : plafonniers pour les repas, barettes de leds dans la niche située en dessous de la chaudière, spots intégrés dans les meubles hauts surplombant l'évier. Enfin, ayant remarqué la présence d'un "griffoir mural pour chat" dans la cuisine existante, l'architecte a décidé de l'en rééquiper. Avec humour, il explique s'être penché sur "l'ergonomie animalière" et avoir dessiné un objet plus esthétique répondant aux mêmes fonctions. "C'était avant tout un moyen d'empêcher que le chat s'en prenne aux peintures neuves", explique-t-il. Il n'en reste pas moins que, tellement fier de son invention, l'architecte a même été jusqu'à déposer le modèle à l'INPI ! Pour découvrir les images de la métamorphose de cette cuisine, cliquez sur suivant.